Le voyageur

Dans « la vie, mode d’emploi » Georges Perec déteignait un artisan chargé de transformer en puzzles diaboliques les centaines d’aquarelles que, le port en port, lui envoyait un peintre amateur, fortuné et désœuvré. Le voyageur immobile auquel nous convie Jamal Lansari a quelque chose de cette œuvre futile et gratuite, à cette différence près qu’il démontre et affirme, là  où l’artiste imaginé par Perec ne faisait que satisfaire) une hypocondrie monomaniaque.

Jamal Lansari nous démontre qu’il n’est plus aujourd’hui de voyages, au sens initiatiques où l’on entendait naguère ce mot, mais de simples déplacements au cours desquels la soif imposée d’exotisme l’emporte sur celle de la connaissance de l’autre. De tous ces pays « visités «  , que reste-t-il, sinon de fugitives images que le temps estompe, des idées de couleurs qui passent au fil des mois, quelques objets qui permettent de ne pas dénouer complètement le fil de la mémoire. La réalité de cette fin de siècle n’est  plus celle que l’on va rechercher au péril de son être, c’est celle qui, chaque jour, chaque instant, nous parvient par écrans interposés ; c’est, bien sûr, une simple image du réel, avec toutes les distorsions que nous connaissons ou imaginons, mais elle finit par s’imposer comme LA réalité, celle sur le quelle nous fondons nos appréciations et établissons notre échelle de valeurs.

La réalité que nous propose Jamal Lansari n’a donc pas moins de valeur qu’une autre ; bien plus, l’effort auquel elle nous contraint lui donnant un sens. Face à ces toiles où l’élément s’efface derrière la matière. Où le sujet n’est que prétexte à une entreprise de dissimulation, d’enfouissement, d’annulation, l’œil  et l’esprit vont à la recherche de ce sens, à travers l’épaisseur des strates accumulées. Et, comme une indication, comme une relique de cette réalité dépassée, des objets-témoins sont là comme un clin d’œil, échantillon regroupés du chaos qui nous entoure et que nous feignons d’avoir organisé. Le patrimoine des pays visités, dont ces objets inclus sont les témoignages devient alors le moteur d’une évolution dans un espace fermé, enclos, comme le sont ces pays dans leurs frontières, ces ethnies dans leur histoire…

Jamal Lansari se revendique fils du désert, de ces immensités où les sens sont mis à rude épreuve, où l’instinct de conservation entraine une perception nouvelle et des dimensions autres. Il est aussi fils de ce Maroc des montagnes où ce n’est plus le sable, mais la neige qui, l’hiver, enfouit le monde. Et sa peinture est à l’image de ces oppositions entre une affirmation et son contraire, de ce paradoxe qui le pousse à annuler une chose pour mieux la confirmer, à dé-peintre pour donner vie  une autre peinture, à tuer pour que, de cette mort, surgisse la nécessité de «  chercher la raison dans l’accident3.

Antoine Perruchot – critique d’art – journaliste France culture.

 

 

Un autre monde

JAMAL LANSARI LE VOYAGEUR ASSIS SUR SA CHAISE

 

TOURS de notre envoyé spécial " C'est par où, l'Inde ? "Juste derrière vous. "

 

La visiteuse se retourne. L'Inde est là : un fauteuil, un bassin carrelé où un jet d'eau arrose un cobra dressé et une statue de Ganésa ; au fond, un tableau à dominante rose. " Cela surprend, mais le rose est partout en Inde, dans des détails, des rubans, des petites choses. Je n'ai pas pu l'imaginer autrement qu'en rose. " Ganésa, le dieu éléphant, est aussi le patron des voyageurs. Le fauteuil, c'est celui dans lequel Jamal Lansari s'est installé sept mois durant pour contempler le monde, tel qu'il lui apparaissait à travers les dépêches de l'Agence France Presse reçues par télex, les lettres que lui envoyaient d'un peu partout des amis reporters ou simples touristes, la correspondance entretenue avec les responsables des centres culturels français à l'étranger.

 

L'idée était un peu folle : réaliser un tableau pour chaque pays de la planète, réunir le globe dans un seul lieu, voyager assis sur sa chaise. Joindre partout quelqu'un susceptible de lui expédier un objet capable de résumer ou de symboliser son territoire, une pierre ou un témoignage : " Au début, les gens sont hésitants. Puis ils s'engagent complètement dans mon projet, m'envoient des objets humbles, mais sacrés. Ces pierres ou ces fragments de poteries, ces feuilles d'érable pour le Canada, par exemple, sont sans valeur marchande. Mais, pour mes correspondants, c'est la terre-mère. La Poste m'a aidé, mais aussi des individus : j'ai reçu un paquet qui est passé par trois pays, transmis de main en main. Roger Brunet, de France-Culture, m'a ramené un éclat de grenade qui a failli l'écharper en Bosnie, un morceau de céramique du Vietnam. "

 

Les objets en question sont placés dans des boîtes vitrées, serties dans les tableaux. " Pour ma correspondante en Sicile, ce qui représentait le mieux ce pays, c'est un bout d'asphalte provenant de l'autoroute où a explosé la bombe qui a tué le juge Falcone. " Des lettres expédiées à Lansari, souvent très belles, accompagnent les objets, et l'on passe d'un plaidoyer pour l'importance de la dent de cochon auprès des habitants du Vanuatu à une interrogation lapidaire et lucide sur ce qui pourrait bien symboliser une Afrique du Sud déchirée. Le visiteur prend ainsi une leçon de géopolitique accélérée, et d'abord par le format des tableaux, dont l'échelle est déterminée par la superficie du pays qu'ils évoquent. On passe donc des 4 millimètres de côté de Monaco aux 127 mètres carrés de l'ancienne Union soviétique.

 

Lansari, cependant, prend quelques libertés avec l'Histoire et avec les frontières : Israël et la Palestine ont la même dimension ; l'un est peint, l'autre pas. " J'ai trouvé 194 pays, et j'ai reconnu la Macédoine avant l'ONU. Je travaillais sur le Danemark au moment du référendum sur Maastricht. Alors, comme ils se sentent plus proches du Groenland que de l'Europe, je les ai inclus dans le Groenland.

 

Cela me donne en plus un hommage à Malevitch, un petit carré blanc dans un grand carré blanc. Mais, d'une manière générale, j'ai tenté de retrouver la sensation de chaque pays, d'intégrer son état d'esprit, y compris dans la manière de peindre. En fait, je n'ai eu de mal qu'avec les pays que je connais bien : le Maroc où je suis né, l'Italie et la France où je travaille. Comme je vis à Tours, pour la France, j'ai choisi Chambord : le château aurait 365 cheminées, une par jour de l'année, et le roi n'y aurait vécu qu'une seule nuit d'amour... Quand j'ai découvert cette histoire, je me suis dit " Je prends ça... ".

 

Jamal Lansari est comme cela, disert et savant. Un peu délirant aussi, mais avec une foi capable de déplacer des continents. A la manière de Christo, qui réunit lui-même toute la logistique et le financement de ses projets, il a trouvé une liste considérable de sponsors, et un budget de près de 2 millions de francs. Le responsable d'une entreprise pharmaceutique à qui il venait demander le prêt d'un local de 7 000 mètres carrés a dû le prendre d'abord pour un cinglé. Mais Lansari a eu son usine. " C'est très simple : chaque fois que j'ai besoin de sable, je vais voir le marchand de sable. " Le résultat est, faut-il le préciser, impressionnant. Jamal

 

Lansari a réinventé le monde, il l'a montré parfois tel qu'il est, souvent tel qu'on le rêverait. Du fond de son fauteuil, perdu dans son entrepôt, il a tenté d'ordonner le chaos.

 

Article d' Harry Bellet  journaliste et critique d'art  pour le Monde 

Novembre 1993 .

 

 

Texte sur l’exposition le voyageur assis sur sa chaise à l’usine pharmaceutique Baxter novembre 1993 à Joué- lès-Tous.

 Loin d’Où

Après avoir longé la voie ferrée, on route pendant encore un moment sur une bretelle  d’autoroute dans une de ces zones interlopes, ni ville, ni compagne. La voiture s’arrête, on est arrivé.

Devant nous, un de ces hangars qui parsèment les abords des villes et qu’on loue par lot de 1000m2 ; bâtiment absolument banal, laid sans être horrible, pas très haut mais très grand.

A l’intérieur c’est une succession d’espaces vacants, de piliers, de passerelles, galeries, réservés grillagées. Ce n’est pas une de ces ruines industrielles dont le délabrement nous inspire comme toute ruine, un sentiment vaguement nostalgiques. Récemment  abandonné, c’est simplement un lieu à louer. A l’entrée, un faxe retransmet sans discontinuer  les nouvelles de l’agence France-Presse venant de toutes les parties de la planète. Là, dans ce lieu neutre, sont exposées des centaines de toiles, des centaines d’objets, une pour chaque nation, un pour chaque pays.

On peut rêver le monde : immense, divers ; pour le parcourir le voyageur suivrait les chemins, dont il ne sait où ils le mènent ou au contraire toutes les vues qui se découvrent à lui seraient ainsi que les représente cette merveilleuse carte japonaise qui se déroule ou rythme de la marche et sur laquelle figure tout que ce que l’on voit de la route qui mène de Tokyo à Kyoto.., Tout et seulement ce que l’on peut voir. Pour celui qui traverse les territoires, les frontières sont d’arbitraires découpes : les paysages changent mais lentement ; les odeurs nouvelles se dégagent peu à peu, d’abord mêlées aux anciennes ; certains goût persistent longtemps après qu’on  a quitté un pays.

On peut penser le monde d’une façon « moderne » et regarder sans tristesse l’affiche triomphante « avec nous le monde est plus petit ». Le voyage se compte en heures de vol. Dans chaque aéroport, il y a une boutique de souvenir à côté du guichet de change. Le monde est un puzzle ; à chaque pays, ses frontières, son drapeau et «  le souvenir » reproduit à  millions d’exemplaires.

En ce non-lieu, Jamal Lansari a rassemblé les images fragmentées, discontinues d’un monde, celui du «  voyageur immobile ». Celui-là n’a pas traversé de contrées inconnues, subi l’alternance es climats, humé les odeurs errantes infectes ou délicieuses, écoulé les sons surprenants des longues du monde. Il n’a pas vu.

…monotonie, la monotonie serait celle d’une addition de figures, de choses, mais cette additions ne ferait pas un  monde. Domine les étendus modulées de la matière picturale, ce qui resterait de la géologie : longs plissements de terrains, vallées, plateaux ravinés, plaques silencieuses fauves, jaunes des déserts, Engloutis par les sables, poussières ou ordures, les paysages se défont.

Par places, le sol du hangar a été remblayé avec des morceaux de béton gris, des parpaings cassés, blocs de ciment, cailloux, recouvert ensuite de sable ailleurs d’un gravier ocre-rose, plus loin de cristaux blancs comme du sel.

Une image de la fin de notre monde soumis à la loi de l’entropie universelle. Déserts où affleurent les mirages de lieux depuis longtemps effacés, disparus… A l’opposé de toute vision apocalyptique, l’effroi pourtant, nous saisit devant cette suite : « S’il fallait une image ou Rien, le sable nous la fournirait ».

A partir de cartes postales, de photographies, d’objets, sont nées des images, qu’il a contraint à s’inscrire sur les surfaces de toiles découpées aux dimensions « milliardième »  proportionnellement égales à la surface réelle de chaque pays. Séparées les unes des autres par l’espace qui est autour, nous regardons les toiles, et nous faisons la remarque que pays et tableaux ont besoin                 de frontières, que beaucoup de conflits se sont joués sur les bords.

L’ensemble ne compose pas un atlas ; les coordonnées changent et chaque toile a sa règle… un catalogue non systématique plutôt, en regard duquel, Jamal Lansari exemplifierait le répertoire des manières de « faire de l’art contemporain » dans les différents domaines plastiques. Mais laissant la part belle à la peinture.

Dans une salle à part, tous rassemblés, sur des socles recouverts de peinture broyée, sont exposés les centaines de « souvenirs », soutenus par des silhouettes pitoyables,  tous sablés. Exhibition uniforme, obscène du kitsch international.

« Je peins, je dépeins ».

Sur les toiles d’inscrivent les tracés préalables des villes, monuments, ou motifs décoratifs. Tracés qui n’apparaissent plus qu’en filigrane, après que la peinture chargée de matières a englouti l’image. On distingue encore, mais vaguement, telle courbure, telle volute, un détail d’architecture. La peinture a ruiné l’ordre représentatif. L’imaginaire de chacun recrée le paysage ou la ville qu’il veut voir à partir des fragments épargnés, s’inscrit dans les lacunes, et étendues du champ pictural.

Un reliquaire est inclus dans chaque toile. Tous contiennent une « chose » qui vient de « là-bas » : bribes, os, vieux bois, coquillages, pierres…

« Marco Polo ne pouvait s’e primer autrement que par gestes (…)  ou  à l’aide d’objets qu’il sortait de ses sacs ; plumes d’autruches, sarbacanes, morceaux de quartz(…) mais clair ou obscur (…)  tout ce que Marco montrait avait le pouvoir des emblèmes. Dans l’esprit du Khan, l’empire se reflétait sur un désert de dates éphémères et interchangeables comme des grains de sable ; desquels émergeaient pour chaque ville et province les figures évoquées par les logos griffés du Vénitien.                

Les pays les plus apposés échangeant formes, couleur générale… les figures épuisent leurs variations, A force de désincarner les images pour les réduire à l’essentiel, toiles après toile les « vues » se soustraient au regard, le passage de l’une à l’autre n’implique pas un voyage mais un échange d’élément. D’une toile          à l’autre les différences se perdent ; chaque ville, chaque pays en arrive à ressembler à ce qui précède ou suit la répétition du procédé efface les différences.                              

Par MadameEmelie Daniel – Historienne d’art et professeur à l’Ecole nationale des Beaux-arts de Tours

 

 


Exposition « le Voyageur Assis sur sa Chaire », les usines Baxter novembre 1993– ville de Joué –lès- Tours.

J’ai fermé les yeux et j’ai vu…

Tu me dis que tu viens de faire le tour du monde. Que dans chaque pays tu as fait escale et que chaque pays un souvenir tu as rapporté.

Tu me dis que si je ne te crois pas …

Mais tu ne me dis rein de plus. Tu  déclinés le longue liste de toutes ces contrés que tu as traversés, de tous ces monuments contre lesquels du as posé ton effigie et collé toujours le même sourire.

Je te questionne, je te demande de raconter… mais tu ne sais plus.

Tu as la tête pleine de noms – de compagnies aériennes, de sites fameux, d’hôtels prestigieux – mais tu ne sais lus très bien, tout s’embrouille, tu as oublié…

Pourtant, si je ne te crois pas…

Dans le désert de ta mémoire tu as dressé autant d’autels que de reliques tu as glanées. Devant chaque trophée tu t’arrêtes, tu l’époussettes amoureusement, tu le brandis – «  j’y étais, j’ai vu… », puis tu bafouilles, puis tu bégaies. Les frontières glissent et u mélanges les noms – Bulmanie, Rougarie, France, Cepagne, Isestine, Paraêl… tu hésites, puis tu reprends ta litanie cette fois par ordre alphabétique- Argentine, Astratine, Birlivie, bomanie…Fince, Franlande…Monagolie, Monoco, Necaragua, Nipal, Yougo… le trophée s’écrase à tes pieds et u commences à avoir peur. Tu n’es plus très sûr d’avoir vu. Tu observes avec inquiétude tous ces bibelots dérisoires, toutes ces pièces sans conviction. Tu les implores mais ils restent muets. Alors tu ne dis lus rien tu te tais. Et tu écoutes.

Tandis que tu courrais fébrilement tout autour de la terre, tandis que tu dévorais goulûment chaque pays sans distinction, moi je n’ai pas bougé. J’ai ouvert la fenêtre et c’est le monde entier »r qui s’est engouffré dans mon corps ; qui m’a secoué de ses terribles tremblements. J’ai fermé les yeux et j’ai vu :

L’infini des plaines de sables - jaune ocre, rouge, noir- saupoudrées de sel et dépouillées d’arbres, des mers desséchées, des murailles ruinées ou criblées d’alvéoles. Des pierres cendreuses, bleues ou noires, des buissons de cristaux métalliques, des coulées de laves tordues ou coudées, bistournées, des couleurs humides et crépusculaires tapissés d’herbes mauvaises et desséchées.

Entre deux rangées de montagnes aiguës, dans l’air épuisé et le vent maladif, le soleil se ruait, ourlait le bord des falaises d’une dure lumière blanche, s’accrochait aux particules d’impartialement la moindre pierre du désert. La chaleur montait du sol en palpitations miroitantes. Les surfaces rocheuses éclataient en esquilles ou se dissolvaient en poussière…

Plus loin, la plaine molle était envahie par les lits de sables mouvants. Les dunes fumaient, s’auréolaient de panaches, déroulaient leurs ondulations, inlassablement. Les vents tourbillonnants creusaient des entrelacs, de minuscules chenaux, un réseau de veines arides. Le sable propre semblait passé au j four, le vent soufflait au visage une flamme étouffante…

Soudain la lumière glisse. Les longues ombres se rétractent comme des antennes, se blottissent, tremblent une seconde et disparaissent toutes en  même temps. Le soleil a tressauté, puis s’est effiloché irrémédiablement fané.  

Affreuse lumière grisâtre et convulsive. Plaine sépulcrale, pas le moindre signe de vie.

La peau racornie, les yeux brûlés par l’incandescence, les paupières meurties par le sable, les lèvres gercées par le vent, je suis couvert des pieds à la tête d’une lourde coche de poussière jaune. Des cataractes d’eau s’croulent et me transforment en statue de boue. Je me sens presque annulé. A travers cette immense étendue sombre et souillée, la marche s’enfonce dans l’immobilité d’un effort vain… impression grandiose et écrasante de néant absolu… craquements caverneux et sournois, échos de dalles retombant sur des voûtes… crissement faible mais persistant du sable qui rampe et se vautre frôle, froisse, frotte, fissure, à l’infini…

J’ai vu demain.

Je rouvre les yeux. Le claquement de la fenêtre m’a réveillé.  Je suis assis au centre de l’arène. Autour de moi, la planète éparpillée ordonne ses fragments ensablés par ordre de grandeur. Constellation en suspension, partition d’un drame à avenir, les alarmes clignotent et le silence est douloureux.

Se Monaco à la Russie, j’accroche les vestiges soigneusement authentifiés. Conservé, encadrés, étiquetés, datés, d’un monde dévasté d’après la catastrophe. Les fragments d’une planète blessée, désintégrée, Vaste mémoire sans frontière. Tout est calme, enfin. Tout se ressemble, apparemment. Car sous les fibres de cette vieille peau, je sens palpiter les chairs et je devine l’ossature. Entre cicatrices et croûtes, rides et plis, des lambeaux d’images palpitent, vont et viennent à la manière d’un mirage, vibrent, luttent pour surgir, et je retrouve mes repères, l’odeur et le saveur de chaque contrée engloutie, ses bruits, sa couleur et sa langue, tout ce qui fait sa différence.

Je n’ai pas d’autre souvenir.

De Françoise Bataillon -  critique d’art -  septembre 1993


Reportage vernissage "le voyageur assis sur sa chaise " création 1993